Les Mains de la vie by Dupuy Marie-Bernadette

Les Mains de la vie by Dupuy Marie-Bernadette

Auteur:Dupuy, Marie-Bernadette [Dupuy, Marie-Bernadette]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Lang:fr, Epub commercial, Angélina
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 2013-04-25T23:48:28+00:00


Place du Capitole, terrasse de la pâtisserie des Arcades, même jour

Marie-Pierre Coste détaillait discrètement la fameuse Angélina dont son frère lui avait tant parlé pendant sa maladie, à la fin de l’hiver. Dans ses lettres, il vantait aussi le charme et l’intelligence de la demoiselle, si bien que leur vieille mère avait supplié sa fille de partir pour Toulouse faire une petite enquête.

— Ton frère pense au mariage, Marie-Pierre. Mais tu le connais, c’est un naïf, un romantique à la merci d’une rouée, d’une intrigante.

En dépit de ses préjugés à l’égard d’Angélina Loubet, la sœur du médecin ne trouvait rien à redire sur la jeune personne en question. « Elle est très jolie, même belle, sans conteste, songeait-elle. Son éducation, son langage, ses manières sont vraiment irréprochables. Sa tenue vestimentaire est sobre, pudique et de bon goût. Ce corsage en soie plissée est ravissant ; la jupe en serge est d’une coupe impeccable. De plus, elle semble intelligente, spirituelle et instruite. Et ce regard, mon Dieu ! Je n’ai jamais vu des yeux de cette couleur, des bijoux vivants, comme dit mon frère. Il avait raison. »

Consciente de subir une sorte d’examen, Angélina demeurait naturelle, simple et franche. Elle avait évoqué son enfance vécue dans un milieu modeste en quelques phrases sincères et éloquentes. Elle dégustait avec aisance une tarte aux fraises en contemplant l’animation de la place. La haute bourgeoisie toulousaine était de sortie, à pied ou en voiture à cheval.

— Ainsi, le dimanche, vous organisez des pique-niques au bord du canal ? demanda le médecin afin de relancer la conversation plutôt languissante.

— C’était la première fois, répliqua Angélina. Je préfère être de garde. L’oisiveté me pèse vite.

— Seigneur, quel aveu ! s’esclaffa Marie-Pierre Coste. Le repos dominical est sacré, il me semble.

— Sauf dans nos professions, la coupa son frère. Je comprends Angélina. Moi aussi, je m’ennuie quand je séjourne à Luchon trop longtemps, avec pour unique distraction les bavardages de nos voisins ou les parties de dames avec mère.

— Tu n’es pas sincère, Philippe, s’offusqua-t-elle. Tu vas souvent en montagne faire de la marche et tu rentres à la nuit tombée. Maintenant, laisse un peu parler mademoiselle. Je voudrais qu’elle me confie pourquoi elle a décidé d’être sage-femme.

— Ma mère l’était, madame, et ma grand-mère prêtait main-forte aux accouchées. Elle n’était pas diplômée, évidemment ; mais on se félicitait de ses services.

— Vous suivez une tradition familiale, en fait. Pardonnez-moi si je vous livre mes idées sans prendre de gants, mais l’exercice de ce métier est pénible. Il se concilie rarement avec une vie conjugale. Je suppose que vous espérez vous marier et avoir des enfants !

Angélina fixa d’un air très doux son interlocutrice avant de répondre.

— Ma mère était mariée et elle m’a donné naissance, ainsi qu’à mes frères aînés, qui sont morts tout petits, hélas ! dit-elle d’une voix tendue. Pour ma part, j’estime qu’il est possible de concilier son foyer et son travail. Mais je privilégierai toujours ma vocation, madame.

— Bien, bien, soupira Marie-Pierre, non sans jeter un coup d’œil à son frère.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.